Vers un raccourcissement des vacances scolaires?

Publié le par Politique Educative Locale de Brest

06 Juin 2010 Par claude lelièvre

 

Jusqu’à ces derniers jours, la piste officiellement la plus privilégiée dans les réaménagements des rythmes scolaires a été la semaine de cinq jours incluant le mercredi matin. Mais cela ne va pourtant pas de soi.

 

Le choix privilégié du mercredi matin rencontre en effet bon nombre de difficultés, comme on a d’ailleurs pu s’en rendre compte encore récemment dans les villes où la question a été posée depuis plus d’un an par certaines municipalités ( généralement de gauche ) qui se sont heurtées presque à chaque fois au refus majoritaire des Conseils d’école.

Cela n’est d’ailleurs pas très étonnant si l’on se rappelle quelques épisodes de notre histoire passée. Ainsi, il y a une quinzaine d’années, 40000 conseils d’école ont déjà eu à se prononcer sur cette question. Le maintien du statu quo de l’époque ( avec le samedi matin travaillé ) avait remporté 15 % des suffrages ; et le report simple du samedi matin au mercredi avait fait le plus mauvais score ( 4% des conseils…), alors que la libération du samedi matin avec le corollaire du raccourcissement des vacances scolaires avait –lui - connu un franc succès : 40 % des conseils s’étaient prononcés pour cette solution ( mais il est vrai que la ‘’libération’’ du samedi matin n’était pas alors chose acquise ).

 

Dans l’enseignement primaire, nous sommes désormais actuellement – et de loin – le pays qui compte le moins de jours d’école dans les pays de l’OCDE ( même si nous nous trouvons toujours quasiment en tête pour le nombre annuel d’heures passées à l’école ). Or il se trouve que les pays qui obtiennent les meilleurs résultats aux tests des enquêtes internationales PISA ( à l’âge environ de la fin de la scolarité obligatoire) sont ceux qui ont une durée horaire cumulée d’enseignement nettement plus faible que la France ( Finlande : -33% ;Corée et Suède : -29% ; Japon : - 21% ) mais avec un nombre de jours et de semaines travaillées nettement supérieur. Par exemple, les écoliers japonais ont 210 jours de classe par an, et ceux de Finlande 188. Les jeunes Français ont un temps de travail scolaire concentré sur 36 semaines, alors que la moyenne des pays de l’OCDE se situe à trois semaines de plus. Chercher l’erreur.

 

L’ampleur relative de nos vacances scolaires date pour l’essentiel de l’entre-deux-guerres où elles ont été rallongées de quatre semaines en deux temps : deux semaines en 1922, et deux semaines sous le Front Populaire ( aussi bien pour l’école primaire que pour l’enseignement secondaire ), ce qui a permis de moins revaloriser les traitements. On pourrait faire actuellement le raisonnement inverse : une année scolaire plus efficace parce que distribuée sur plus de jours et de semaines, avec une certaine revalorisation du métier d’enseignant. Selon le récent rapport de la Cour des comptes ( qui s’y connaît, et pour cause, en la matière ), " si l’on prend en compte la richesse relative des pays, le ratio obtenu en rapportant le niveau moyen de rémunération des enseignants au PIB par habitant aboutit, par rapport à la moyenne de l’OCDE, à un résultat inférieur en France de 17% pour le primaire, 15% pour le collège, et 19 % pour le lycée ".

 

Car si les enseignants français sont appelés à s’aligner sur la moyenne des autres enseignants de l’OCDE en ce qui concerne la durée des vacances scolaires ( qui leur est si souvent '‘reprochée'’ ), ce ne serait que justice que leurs traitements soient aussi alignés sur la moyenne pondérée de ceux en usage au sein de cette même OCDE. Mais est-ce envisageable dans le contexte politique actuel ?

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