La semaine de 4 jours, une très mauvaise organisation de rythmes scolaires
Par Françoise Solliec
Antoine Prost, historien de l’éducation, et Hubert Montagner, directeur à l’INSERM, s’accordent à le dire : la semaine de 4 jours est une très mauvaise formule pour les apprentissages des élèves les plus en difficulté. Comment arriver à une vraie concertation sur les rythmes scolaires, sans nécessairement remettre en cause le temps d’enseignement ni la suppression des heures du samedi matin ?
« On se préoccupe trop du « dire » des profs et pas assez du « faire » des élèves. »
Pour Antoine Prost, si les 840 heures d’enseignement désormais dispensées à l’école primaire correspondent bien à une moyenne européenne, le nombre de jours d’enseignement, 140, est bien inférieur à la moyenne. Comme dans tous les apprentisssages la variable temps est incompressible, on perd en efficacité avec ces journées trop longues. « C’est un gâchis d’avoir enlevé les journées dans les départements où l’on pratiquait déjà la semaine de 4 jours » déclare-t-il. « Si l’on veut obtenir de bons résutlats scolaires, il faut que les élèves travaillent. Certes, on pourrait sans doute aussi les faire travailler mieux, mais ce n’est pas la question d’aujourd’hui. On se préoccupe beaucoup trop du « dire » des profs et pas assez du « faire » des élèves, pourtant essentiel. C’est la conjonction des deux qui garantit les résultats. Par ailleurs le soutien scolaire institué sera très probablement inefficace, car il va s’effectuer hors de la classe et par quelqu’un d’autre que le maître ».
Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT, rappelle que son organisation a insisté pour que la circulaire d’application des nouveaux horaires laisse aux écoles la possibilité d’organiser l’enseignement sur 5 jours, en travaillant le mercredi matin. Il estime que « l’administration a saboté ces propositions » et souhaite qu’une conférence nationale se tienne sur cette question des rythmes scolaires, « centrale par rapport à l’organisation de l’école pour la réussite scolaire ».
Marianne Baby, du Snuipp, estime que la décision du ministre a été brutale et n’a pas laissé le temps de la réflexion. Le Snuipp souhaite qu’un bilan soit fait très rapidement de cette nouvelle mesure et qu’un suivi attentif sur l’année permette d’en tirer des conclusions. Le ministre n’a pas voulu entendre les propositions d’amélioration de prise en charge des élèves, il faut maintenant savoir comment cette mesur que Marianne Baby estime « profondément inégalitaire »et « qui renforce en négatif les difficultés qu’on va connaître avec les nouveaux programmes » va être appliquée. « La rentrée se fait dans un climat d’inquiétude et de morosité » et le Snuipp formule également la demande d’une réflexion d’où d’autres mesures émergeraient.
Les organisateurs de la réunion affirment clairement qu'il ne s'agit pas de remettre maintenant en cause le nombre d'heures d'enseignement ou la suppression du samedi matin à l'école primaire. Ils demandent simplement au ministère d'ouvrir la réflexion sur la question des rythmes scolaires et de tenir compte des avis des experts.
Le malheur, conclut Antoine Prost, c’est que le ministère ne mène aucune recherche pédagogique et considère même les chercheurs en sciences de l’éducation « comme des brebis galeuses. L’école ne fabrique-t-elle pas elle-même des élèves inadaptés en ne tenant pas compte de leurs rythmes circadiens ? » |